Vous allez voir que ce n’est pas simple mais on peut y arriver :mrgreen: !

Le choix de la bougie est lié à plusieurs facteurs complexes comme ; le moteur lui même et son usure, la « qualité » de l’essence - façon dont elle brule, conditions climatiques, type de pilotage, refroidissement du moteur, …
Dans cette énumération vous comprenez que c’est une question de température ; température des gaz comprimés dans le moteur, température à laquelle brule l’essence et sa puissance calorifique (différente d’une marque d’essence à l’autre), température extérieure, température due à l’utilisation de votre voiture (pilotage) et bien sur les réglages de carburation.

Les bougies ont des indices caractérisant la température que retient leur filament. Un filament fin (petit en diamètre de fil) donnera une bougie « chaude », à l’inverse un filament de bougie gros en diamètre de fil donnera une bougie « froide ». Les gros filaments dissipent plus de chaleur à leur soudure avec le corps de la bougie lui même refroidit par la culasse du moteur.

Encore un petit point avant l’explication du choix de la bougie, le fonctionnement du moteur et la mesure de la température ( !). Vous allez voir que mesurer une température moteur avec un thermomètre ne sert à rien du tout.
- Le moteur est en phase « motrice » : le piston descend dans la chemise et « avale » le mélange air-essence approximativement à température « extérieure au moteur » (20°C). En descendant le piston entraine le vilo et le volant d’inertie et communique de l’énergie pour la propulsion du véhicule (phase motrice).
- Le moteur est en phase de compression : le piston remonte dans la chemise et comprime le mélange air-essence grace à l’énergie inertielle stockée dans le volant moteur. Au fur et à mesure de l’augmentation de pression dans le cylindre la température des gaz augmente jusqu‘à atteindre le point d’éclair (température à laquelle l’essence s’enflamme).

Dans nos petits moteurs à nitro il n’y a pas assez de compression pour que l’air-essence s’enflamme spontanément d’ou l’intérêt d’une bougie pour définir ce seuil d’inflammabilité. Ce seuil lié à la température de la bougie est très important.
Si le mélange n’atteint pas le point d’éclair, le moteur ne peut fonctionner (limite inférieure d’inflammabilité du mélange).
Si le seuil d’inflammabilité air-essence est atteint trop tôt (avant que le piston ne passe le point mort haut du vilo par exemple), les performances du moteur seront dégradées et il peut même casser.
Il faut que le mélange air-essence explose au bon moment (timing) pour ne pas trop faire chauffer le moteur, éviter le « cliquetis » et ainsi permettre un bon fonctionnement. Chez novarossi –par exemple- vous pouvez commander des joints de culasse de différentes épaisseurs pour régler le timing (moment ou ça explose dans le moteur). Avec ces rondelles vous ajuster la pression interne du moteur en fin de compression et donc la température du mélange air- essence (ouf c’est presque fini).

Pour info précédemment je parlais de « cliquetis ». Ce phénomène traduit l’embrasement spontané du mélange air-essence. L’allumage du moteur n’est plus controlé par la température de la bougie mais par une surchauffe générale du mélange. Ceci est très dangereux. L’inflammation du mélange par « cliquetis » produit des ondes de pression énormes (pression supérieure à la pression moyenne effective que peut supporter le moteur) dans le moteur qui cognent très durement dans l’embiellage. L’élément le plus fragile dans le moteur étant la bielle c’est elle qui casse. Après démontage on voit une bielle cassée et on croit qu’elle a « fondu ». C’est faux car dans ce cas on retrouverait des « gouttes » d’alu de bielle dans le moulin. Moi je crois plutot qu’elle a « flué » (cassée sous l’éffet d’une pression excessive). Bon voilà pour ce petit apparté « cliquetis ».

Vous voyez maintenant que la seule température intéressante est celle des gaz dans le cylindre au moment de l’explosion. Cette température instantannée se communique à la température ‘latente’ du moteur (température du moteur) puis ces températures additionnées sont évacuées du moteur par rayonnement et ventillation. Une mesure par thermomètre (même infrarouge) de la température du moteur ne permet pas de mesurer la température instantannée des gaz dans le moteur (seule température importante). Donc gardez ces thermomètres pour mesurer –à la rigueur- la température du barbecue !

Comment connaître cette température ‘instantannée’ pour faire un choix de bougie judicieux ?

Cette température se mesure ‘à l’oreille’. Quand le moteur fonctionne bien, son bruit est classique (le bruit qu’il fait –disons- à la fin de son rodage). Quand un moteur est trop chaud, son bruit devient « strident’ (très aigu en pointe) et on entend souvent de façon associée des bruits de détonation plus sourd en provenance du pot d’échappement.
Ce son vous indique que la bougie que vous utilisez est trop chaude.
Attention à ce moment là il faut refroidir d’urgence le moulin sinon c’est la casse assurée.
A l’inverse une bougie froide ne permet pas le fonctionnement du moteur. Vous demarrez votre moteur avec le chauffe bougie en place sur la bougie et quand vous enlevez le chauffe bougie le moteur cale d’un coup ou son régime diminue jusqu’à l’arret du moteur.

Comment choisir sa bougie donc ?

Il vous faudra acheter TOUTE la gamme des indices de bougie (7 à 8 bougies au total) et les essayer sur votre moteur. Certaines seront trop froide (le moteur cale dès le retrait du chauffe bougie), d’autres seront trop chaudes (bruit anormal de l’échappement indiqué plus haut).
La bonne bougie sera entre ces deux extêmes, prenons un exemple.
Les indices de bougie vont de 2 (très chaude) à 8 (très froide). Il existe donc les indices 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8.

Procédure :
Commencez avec une bougie très froide (8). Faites chauffez votre moteur comme vous pouvez (en laissant le chauffe bougie en place jusqu’à ce que le moteur est atteint une température ‘normale’ –attention à ne pas vous bruler les doigts) puis enlevez le chauffe bougie. Si le moteur cale passez à une bougie un peu plus chaude (7). Si avec cette bougie n°7 le régime moteur diminue après retrait du chauffe bougie passez à une bougie un peu plus chaude (6). Si avec cette bougie le moteur tient bien le ralenti, vous avez trouvé la bougie la plus FROIDE que votre moteur supporte. 6 = bougie la plus froide supportée (dans cet exemple). Continuez à descendre dans les indices de bougie mais en roulant sur la piste et en écoutant le bruit du moteur. Bougie n°5, puis 4, puis 3, puis 2. Si vous vous appercevez que votre moteur produit le son anormal indiqué plus haut (strident avec des sortes de détonations dans le pot) arrêtez de suite. La bougie n°2 est trop chaude pour votre moteur et donc la bougie la plus chaude que peut supporter votre moteur est la bougie n°3.
Donc on a vu dans cet exemple que n°6 est n°3 sont les indices maxi supportés par votre moteur.
Une bougie n°4 ou 5 sera donc parfaite pour un bon fonctionnement de votre moteur dans vos conditions normales d’utilisation (votre pilotage, votre essence habituelle, vos réglages de carburation). Si vous changez d’essence (marque ou taux de nitro), il faudra reprendre la procédure.
Un moteur s’use et perd de la compression (donc de la chaleur), il faudra peut-être dans le futur changer de bougie pour un indice plus chaud.

En conclusion : jettez vos thermomètre infrarouge, ils mesurent une température qui n’est le reflet en rien de ce qui se passe dans votre moulin. Préférez l’écoute des bruits d’échappement qui sont en temps réel le reflet de ce qui se passe dans votre moteur.
La méthode que je viens d’indiquer est contraignante, fastidieuse et chère (il faut acheter la gamme complète des indices de bougie d’une même marque – quoi que çela ne vous mettra pas sur la paille je pense) mais c’est une méthode fiable qui a fait ses preuves et qui n’a rien de « magique » comme certaines qu’on peut entendre ici ou là.

Prenez soin de vos moteurs :evil: et écoutez-les, ils vous le crient littéralement dans les oreilles quand ils souffrent.